article 5/ Fréquence des lombalgies du sportif

Publié le par Posturoptimiste

article 5/ Fréquence des lombalgies du sportif


Les sports les plus fréquemment cités comme étant associés aux lombalgies sont la gymnastique. le football, l'haltérophilie, la lutte, la danse, l'aviron et le golf


Les gymnastes et les golfeurs semblent particulièrement exposés puisque 50 à 85 % des athlètes rapportent des épisodes de lombalgies. Cependant, dans une étude prospective d'un an menée chez des golfeurs débutants, l'incidence de premiers épisodes de lombalgies n'est que de 8%.

Les jeunes joueurs de football seraient également exposés puisque 6 % d'entre eux dans le primaire et 30% dans le secondaire souffrent de lombalgies.

Les joueurs de tennis sont plus touchés que la population générale: une fréquence de 50 % de lombalgies a été rapportée contre 30 % dans une population témoin appariée . 38 % des joueurs en activité sont un jour dans l'obligation d'annuler au moins un tournoi dans leur carrière en raison de lornbalgies


Dans les sports de glace, la lombalgie constitue le motif le plus fréquent de consultation (72,4 %)


Enfin, les traumatismes lombaires représentent la 4e cause de blessure chez les danseurs, entraînant un arrêt de l'activité sportive allan* de quelques semaines à une saison entière


L'ensemble de ces études souligne la fréquence des traumatismes lombaires et des lombalgies chez les sportifs de haut niveau.


Il n'en va pas de même chez les sportifs " de loisirs " puisque les études comparant la fréquence des lombalgies, l'âge d'apparition de ces dernières et la fréquence des récidives des phénomènes douloureux en fonction de la participation à des activités sportives régulières, quel que soit l'âge, n'a montré aucune différence significative entre un groupe ayant une activité sportive régulière de loisir et un groupe témoin


Dans une étude réalisée chez des adolescents de 15 ans, un effet bénéfique de l'activité sportive de loisir a même été mis en évidence en ce qui concerne la fréquence des lombalgies [16]. En revanche, la durée et l'intensité des entraînements durant les 12 derniers mois étaient plus importantes chez des athlètes souffrant de lombalgies que chez des athlètes indemnes de cette pathologie . Ces résultats suggèrent un possible effet nocif de l'entraînement sportif avec l'augmentation de l'intensité de ce dernier.


Il existe peu d'études s'intéressant à l'incidence des lombalgies chez les athlètes ayant cessé le sport de compétition.


Dans un travail comparant la fréquence des lombalgies chez d'anciens lutteurs, d'anciens haltérophiles et un groupe contrôle apparié pour l'âge, la prévalence des lombalgies était supérieure chez les lutteurs comparés aux haltérophiles et au groupe contrôle . Dans cette étude, les auteurs rapportent une meilleure tolérance de la symptomatologie douloureuse chez les athlètes que dans le groupe contrôle.


Il nous parait important de conclure ce chapitre en soulignant la grande hétérogénéité des études en ce qui concerne les populations étudiées et les activités sportives analysées. Il est donc très difficile d'affirmer qu'un sport est plus "pourvoyeur" de lombalgies qu'un autre et il est impossible de se faire une idée précise sur l'intensité de l'entraînement à partir de laquelle la fréquence des lombalgies augmente.


 

 Sport et biomécanique rachidienne

Le rachis et la musculature qui l'entoure ont une structure biologique et mécanique complexe. Le rachis peut se comporter soit comme générateur actif, soit comme conducteur passif de forces appliquées au reste du squelette. Au cours de l'exercice physique, le rachis est sujet à des charges rapides et répétitives. Il peut en résulter des lésions chroniques ou aiguës même chez les athlètes entraînés.


En effet, l'une des propriétés biomécaniques importante du rachis est la viscoélasticité. Cette propriété permet une déformation continue des tissus lorsque la force appliquée est lentement progressive. L'effet pratique qui s'ensuit est que le système peut absorber plus d'énergie si le temps lui en est donné. Cette situation est malheureusement rarement rencontrée en pratique sportive.


Les études biomécaniques portant sur le rachis se sont essentiellement intéressées aux corps vertébraux, au disque intervertébral et à un moindre degré aux articulations interapophysaires postérieures. Schématiquement, on peut considérer que le rachis est fait de deux types de tissus différents: l'os et les tissus mous. Les propriétés biomécaniques de ces tissus diffèrent totalement, les capacités de résistance de l'os étant plus importantes en compression qu'en tension, alors que c'est le contraire pour les tissus mous


L'anatomie, la physiologie et les propriétés mécaniques du disque intervertébral sont extrêmement complexes. L'annulus fibrosus est constitué essentiellement de fibres de collagène de type 1 orientées à 30° par rapport à un axe horizontal et à 120° des fibres adjacentes. Les fibres de la partie interne de l'annulus sont attachées à la plaque cartilagineuse alors que les fibres de la partie externe sont fixées au tissu osseux du corps vertébral. Les fibres de collagène sont capables de résister uniquement à la tension.


En rotation, les fibres prennent une direction horizontale, augmentant ainsi leur capacité à résister àcette tension. L'annulus fibrosus est donc le véritable ligament intercorporéal qui s'oppose aux contraintes principales imposées à l'espace intervertébral. Le nucléus pulposus est constitué d'une matrice contenant des glycosaminoglycanes, du collagène de type Il et de l'eau, l'ensemble agissant instantanément comme un gel incompressible.


Au cours d'une compression, la partie interne des fibres de l'annulus et du nucléus transmettent les forces de vertèbres à vertèbres. Ce phénomène entraîne une déflexion compressive des plateaux vertébraux adjacents, un bombement du disque et le développement de forces de traction dans Pannulus. Malgré cela, il a été montré que les forces purement compressives n'étaient pas capables d'induire de hernie discale mais qu'elles entraînaient plutôt des fractures des plateaux vertébraux


Une situation expérimentale capable d'induire une hernie discale traumatique sur un disque non préalablement lésé, est la survenue rapide d'une force compressive de grande intensité lorsque le rachis est en flexion et en inflexion latérale.

Plusieurs travaux suggèrent en effet que les fissures plus ou moins étendues caractérisant la dégénérescence discale, ne sont pas dues à l'hyperpression intradiscale mais aux mouvements extrêmes principalement de rotation et plus accessoirement de flexion 


Les contraintes imposées lors des torsions loinbaires sont principalement localisées dans la partie postérieure et latérale du disque intervertébral et entraînent les premières fissures qui peuvent être assimilées à des entorses bénignes. Leur extension et leur multiplication finissent par donner l'aspect de disques dégénérés, multifissurés. L'extension de la rupture aux couches les plus périphériques déterminent l'équivalent d'une entorse grave intercorporéale, plus responsable des lombalgies discales aiguës et chroniques par la lésion elle-même et le tissu cicatriciel qu'elle entraîne, que par une éventuelle effraction de matériel nucléaire. On comprend alors mieux qu'il est illusoire de prétendre améliorer des lombalgies d'origine discogénique en proposant une ablation du tissu discal faisant saillie dans le canal rachidien ou en proposant une discectomie par une technique percutanée, ces gestes ayant pour conséquence une aggravation des lésions de l'annulus.


Les capacités de rigidité rotatoire et de résistance à la torsion du rachis sont significativement diminuées par la destruction de la partie antérieure de l'armulus. L'annulus fibrosus et les articulations interapophysaires postérieures semblent participer pour chacun à environ 35 % des capacités du segment rachidien lombaire à résister à la rotation


Le rôle biomécanique des articulations interapophysaires postérieures est moins bien connu que celui du disque intervertébral. Ces structures anatomiques semblent plus jouer un rôle de pivot qu'un rôle dans la diminution des mouvements de rotation. La destruction expérimentale d'une articulation interapophysaire postérieure entraîne une translation de l'axe de rotation vers l'avant et vers l'articulaire postérieure intacte. La destruction des deux articulaires postérieures entraîne une translation de l'axe de rotation vers la partie antérieure du disque intervertébral. Ces lésions réduisent donc indirectement la stabilité rachidienne en diminuant la capacité du disque intervertébral à résister à la rotation.


Dans un travail comparant le vieillissement du disque et des articulations interapophysaires postérieures, Maroudas et coll. ont observé une faible proportion de disques dégénérés chez l'enfant et l'adulte jeune augmentant avec l'âge, alors qu'en revanche les lésions cartilagineuses des articulaires postérieures sont fréquentes chez les jeunes adultes et ne semblent pas augmenter en fréquence avec l'âge.


Contrairement au disque, on ne trouve pas dans le cartilage des articulaires postérieures une perte de protéoglycanes. En revanche, on observe chez l'adulte jeune une hyperhydratation du tissu, plus fréquente que dans le cartilage des autres articulations étudiées.


Cette hyperhydratation accompagne habituellement les lésions du collagène et la dégénérescence du cartilage. Le cartilage de l'articulaire supérieure semble plus mince et plus hydraté que celui de l'articulaire inférieure, ce qui indique que la dégénérescence cartilagineuse apparaît plus fréquemment à l'articulaire supérieure. Les derniers étages mobiles, c'est-à-dire les régions où les contraintes sont maximum, semblent plus fréquemment touchés. Les mêmes auteurs observent qu'il existe une corrélation entre la dégénérescence des articulaires postérieures et la dégénérescence du disque intervertébral.


Cette étude suggère que même en l'absence de lésions radiologiques d'arthrose, les articulations interapophysaires postérieures sont fréquemment le siège de chondropathie, et on peut concevoir qu'elles sont responsables de certaines lombalgies du sujet jeune en réponse à des contraintes mécaniques excessives, en particulier dans les activités sportives comportant de nombreuses hyperextensions et rotations lombaires.


Il apparaît donc que d'un point de vue strictement biomécanique, les sports impliquant des mouvements de flexion associés à des rotations axiales et des charges importantes rapidement répétitives comme les sports de raquettes, le football, le rugby et le ski, semblent particulièrement exposés aux fissures annulaires et aux arthropathies articulaires postérieures.


Il faut toutefois préciser que la plupart des études portant sur la biomécanique du rachis lombaire ont été réalisées sur des pièces anatomiques ne comportant que les structures osseuses, discales, articulaires et parfois ligamentaires. In vivo, le rachis est une structure beaucoup plus complexe et le rôle des muscles et des ligaments dans la biomécanique rachidienne est très mal connu.


source:

http://www.med.univ-rennes1.fr/section_rachis/sport01.htm  Article reproduit avec l'aimable autorisation des auteurs, du Comité de Rédaction de la Revue du Rhumatisme Édition française et de G. Zosimo-Landolfo

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Publié dans malaudos

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